Bonjour, pensée. Je suis contente de te
Bonjour, pensée.
Je suis contente de te retrouver, rien qu'à moi, alors que le fil de mon tricot s'enroule mécaniquement autour de l'aiguille. Il n'y a pas un bruit, ma tasse de thé brûlant refroidit un peu sur la table, petit Gustave est "en adaptation" chez sa nounou, et Clotilde à l'école.
On pourrait croire que je suis vraiment seule dans ce grand silence, mais non, c'est une riche parenthèse que celle qui nous permet de nous rassembler, toi et moi. Si d'aventure un bruit venait nous troubler, il interromperait une symphonie.
Mes doigts passent le fil de droite à gauche et nous entamons notre discussion. Que penses-tu de ce mois-ci jusqu'à présent ? Je n'ai pas dépensé d'argent inutile comme je le souhaitais, j'ai préféré faire l'inventaire du tissu disponible dans la grosse boîte du bureau. C'est moche de parler d'argent aux autres, au mieux ils s'en fichent, au pire ils ont pitié. J'ai réussi à puiser de l'énergie dans ce que j'avais et du coup j'ai plein d'idées et aussi plus de temps pour les réaliser. J'ai retrouvé un livre de la droguerie que j'aime bien, je vais décalquer quelques patrons et faire le deuxième chausson pour Gustave qui me semble avoir de grands pieds par rapport à sa soeur. Que penses-tu de cette mélodie que j'ai composée l'autre jour ? Elle va repartir si je ne la note pas quelque part...D'ailleurs, quel instrument Clotilde va-t-elle choisir ? Il faudrait que je ressorte ma flûte et que je réessaye la Fantaisie de Fauré pour voir si je l'ai toujours dans les doigts.
Ah, il faut que j'y aille, que je retourne dans le tourbillon de la vie dehors. A bientôt, pensée.