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I Page blanche I
4 août 2014

Pour me souvenir #2

Je me suis rendue compte que je ne mettrais plus les pieds dans la maison de mon enfance. Je me suis rendue compte que c'était tout mon quartier que je n'allais plus revoir et j'ai senti comme un grand trou noir qui aspirait tout. J'ai ramené avec moi quelques bricoles, quelques photos, mais pas plus.
Mes parents ont eu l'originalité d'emménager deux fois dans la même rue. Une première fois au numéro 35, puis au 19. C'est la deuxième qu'ils quittent, au bout de plus de 20 ans, pour aller à la campagne.

J'ai fait mon petit tour, je n'ai rien ressenti de spécial jusqu'au dernier moment, quand j'ai passé le portail. Et mon coeur s'est serré.
Je me rappelle qu'en été nous allions acheter des Mister Freeze au tabac du coin avec ma grande soeur; que c'était une maisonnette alsacienne avec des coeurs dans les volets, qu'à l'intérieur il faisait toujours frais. Je me rappelle qu'il y avait plein de champs qui me paraissaient immenses, qu'il y poussait des coquelicots, et qu'il y avait de grandes flaques d'eau sur leurs abords après la pluie. Je me rappelle mon copain de la dernière maison de la rue avec qui je jouais (Jean-Pilippe ?), les tours à vélo avec ma bicyclette (la même que Martine, quelle fierté...), les dalmatiens qui aboyaient fort, les vieux d'à côté qui donnaient des madeleines à notre chien, les autres vieux qui habitaient dans une maison couverte de lierre et qui me faisaient un peu peur, ceux qui avaient une petite-fille qui s'appelait Sidonie et deux tortues qu'on retrouvait parfois chez nous, ceux qui avaient la maison avec le grand magnolia devant (il y avait beaucoup de petits vieux)
Je me rappelle une fois qu'un grand garçon m'avait demandé si je pouvais lui donner une rose de notre jardin pour sa copine. Je me rappelle qu'une fois j'étais partie avec un baluchon que j'avais fait moi-même avec une branche et un torchon de cuisine, après m'être fait gronder par mes parents; j'étais partie pleine de rage mais une fois au coin de la rue j'ai eu peur du vaste monde et que j'ai rebroussé chemin.
Je me rappelle que ma petite soeur semblait avoir une chambre plus grande que la mienne (alors qu'elles avaient strictement la même superficie).
Le portail fut vert puis noir. Le crépis blanc puis bleu. Il y eut un magnolia devant, aussi, puis un rosier grimpant. Des rosiers buissons et des hortensias.
Je me rappelle ma maison à toutes les saisons. A chaque âge de ma vie.
Quand j'ai emmené Clo faire un tour, Gustave dans la poussette, j'ai regardé comme mon quartier avait changé depuis 25 ans. Presques tous les vieux sont morts, beaucoup de familles turques s'installent, ôtent les rosiers et remplacent les clôtures par des murs, le terrain vague est devenu un supermarché, la maison-bureau de tabac est devenue une station essence, les vieilles fermes alsaciennes sont rasées pour construire des immeubles. Il en reste une, que j'ai prise en photo (impossible à charger sur Canalblog, je fulmine).

Ce n'est pas grave. Rien n'est perdu, vraiment.
Nous créerons d'autres souvenirs ailleurs.

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Commentaires
P
J'ai fait un horrible cauchemar il y a 2 nuits. Je ne m'en souvenais plus mais je me suis réveillée triste, la boule au ventre, de mauvaise humeur. J'ai fini par m'en souvenir: ça y est ce n'est plus notre maison. Je hurlais, je pleurais, je ne voulais pas partir du salon, je m'accrochais à la tapisserie... Je n'y vais presque plus, mais quand j'y pense j'ai tellement envie de pleurer... Comme maintenant...
L
C'est si difficile ces pages de l'enfance qui se tournent définitivement! Si seulement on pouvait savoir, qu'une fois adulte, on allait laisser tant de choses derrière...<br /> <br /> désolée, mon com ne te remonte en rien le moral mais il fait tellement écho à tous les changements que j'ai du surmonter ces dernières années :-(
C
Coucou Marion, j'ai connu ça aussi...et puis aussi une maison à vider (celle de mes beaux-parents) et puis... et puis comme tu le dis si bien rien n'est perdu vraiment. Je confirme ! Il reste les souvenirs bons et moins bons... C'est la vie ! (n'empêche ça fait un mal de chien)
A
Oh, ma pauvre...J'imagine bien ta boule au ventre...Bises!
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