Les pierres
Doux roulement de pierres. Le bébé s'agite un peu dans son habitacle, pousse les parois, essaye un virage. Il est là sous ma main, à l'intérieur si près du coeur et pourtant que de mystère. J'aimerais savoir quelles pierres je touche, quels galets arrondis sont ses pieds, ses mains, ses genoux ou sa tête mais impossible. Il y a les perceptions du bout des doigts et en même temps, comme dans un rêve, des images mentales si fortes qu'on ne peut les chasser. En vain j'aurai essayé, sans trop le déranger.
J'ai ma dernière écho dans 15j et j'ai peur du coup de bambou. Foetus en siège. A la dernière visite chez ma sage-femme il était tête en bas, et depuis quelques jours, depuis quand je ne le saurais le dire, j'ai comme un doute.Cela implique des choses après une césarienne. Des choses pas évidentes à gérer psychologiquement.
J'ai envie de chasser les idées noires d'un revers de la main. De me dire ce que d'autres pourraient penser "mais qu'elle arrête de stresser"; "laisse donc faire la nature" "oh elle nous gonfle avec sa césarienne". Mais cela revient sans cesse, j'ai des crises d'angoisses la nuit quand j'ai l'impression d'avoir une courge et un melon à la place du ventre mais comment s'est-il mis b*rdel c'est pas possible.
Je n'oublierai pas de demander à la sag-femme ce que ma maternité propose comme accouchement pour un siège après une césarienne. Mais peut-être que je n'aurai pas à poser la question puisqu'il sera bien positionné. Cette incertitude me bouffe, vivement le 21.
J'en ai parfois gros sur le coeur. Je repense à ce matin de mars 2010 où j'ai senti une légère vague dans mon ventre quand on a pris ma fille de moi. De son regard noir bleuté profond, de l'autre côté du plastique de la couveuse, quand on me l'a montrée quelques temps plus tard. Des longues heures seule en salle de réveil à me dire "ça y est je suis mère" sans en avoir la preuve dans ma tête et dans mon corps encore engourdi. Des mois que cela à pris pour sentir qu'elle venait de ma chair et que j'étais sa mère.
J'aimerais une autre naissance. J'avale tous les bouquins. Isabelle Brabant, Bernadette de Gasquet. Et parfois je me dis que ça ne sert à rien d'être prête comme je le suis puisque tout peut se dérober sous les pieds.
Je pense qu'il y a encore un long chemin vers l'acceptation. De ce qui a été. De ce qui va arriver peut-être. Il faut que je sois prête à une deuxième césarienne quoi qu'il en soit, sinon bonjour les dégats...
mais steuplé pépère d'amour, rassure maman, mets-toi tête en bas et restes-y !!!! <3