En mai, fais ce qu'il ne te plaît pas
Ce matin, ça a recommencé. Comme la veille, petit à petit au fur et à mesure que les précieuses minutes minutées du matin s'écoulaient. Il y a à nouveau le réveil de la cocotte à tirer encore chaude de sommeil de sous la couette, le câlin à abréger parce qu'aujourd'hui "maman travaille et tu vas à la crèche".
Papa n'est pas là, il travaille loin et ne rentre que demain. J'ai déjà le coeur lourd. J'ai trop peu dormi à mon goût. Hop, deux tartines à beurrer et confiturer, le thé que je bois quasi brûlant car je n'ai pas le temps de le laisser refroidir.
Pas le temps. Pas le temps.
Ensuite, toilette et habillage du petit coeur. Quelque part dans cet enchaînement, un maillon de la chaîne coince. C'est la crise, les pleurs. Je n'ai pas laissé le temps d'essorer à fond le gant de toilette; j'ai mis moi-même les chaussettes; aujourd'hui c'est pas le jour "robe"; j'ai mis le dentifrice sur la brosse pour gagner du temps.
Il ne fallait pas. Pas comme ça. Pas dans ce sens. Comment pourrais-je lui en vouloir, elle a tellement raison. Alors je ravale ma colère, je bous et bougonne mais parfois je crie, un cri qui a du mal à sortir tellement il est lourd de culpabilité et de rage.
On court, on remonte et descend deux fois les escaliers parce qu'il manque toujours un truc (portable, clés, chaussures, écharpe)
J'ai envie de pleurer. Il est 7h05 tout le monde en voiture et c'est encore la course. Je me dis qu'avec deux il faudra se lever à 5h du mat'.
Arrivée à la crèche Clotile est souvent la première et je sens déjà à quel point le rythme qu'on a est un peu fou. J'ai l'étrange sensation que toute la ville dort encore...
Ce matin à nouveau, la petite musique classique qui sort du poste cd quand j'arrive dans le jardin d'hiver de la crèche me prend à la gorge, je me sens tellement ridicule avec mes nerfs en pelote et mon horloge à la place du coeur. Toujours les larmes au bord des yeux, elle aussi.
J'aime mon boulot mais franchement, y'a des fois où je ne supporte plus d'aller travailler.
Ce soir je vais essayer de me coucher plus tôt qu'hier (minuit, après d'interminables corrections).
Bonne nuit...